EXPOSITION
JOURNÉES PORTES OUVERTES DES ATELIERS D’ARTISTES
PODADA
HERVÉ JÉZÉQUEL
PHOTOGRAPHIES
Sous les pieds Patagonia
8 et 9 octobre 2022
de 14h à 19 h
VERNISSAGE LE 8 OCTOBRE A 18H
ENTRÉ LIBRE
Hervé Jézéquel est photographe. Il place le temps, le chaos et l’entropie au cœur de ses recherches personnelles. La marche et le voyage, le paysage et le lieu, les limites et les bordures… sont au cœur de sa réflexion et de son travail photographique. Il ne s’agit pas tant d’évoquer le désordre que l’on observe à la surface de la terre que de rechercher, retrouver, imaginer un état primitif du monde, dont l’homme a perdu la mémoire et les repères.
C’est la matière même, notamment la pierre et l’eau, qui devient objet de ses observations, dans leurs formes et leurs informités les plus brutes. D’une représentation pittoresque du monde, son regard bascule dans celle, sublime d’une nature plus mystérieuse, âpre et rugueuse, qui d’une certaine manière défie, par sa force et son immensité (océan, désert, paysage après catastrophe) et donne à l’homme de se confronter à un paysage dans lequel il cherche à se positionner.
Sous les pieds Patagonia
Après l’Islande et le désert d’Atacama au Chilie (« Sous le ciel Atacama ») qu’il a longtemps arpenté, Hervé Jézéquel nous laisse découvrir un travail en cours « Sous les pieds Patagonie ». Il nous montre une forte présence de la nature sans chercher à magnifier un paysage déjà spectaculaire comme le montre les images séduisantes de carte postale touristique qui joue sur les effets de vue panoramique et de contraste. Hervé Jézéquel travaille à son rythme et photographie en argentique noir et blanc à hauteur d’homme, simplement.
Inspiré par les ouvrages anciens qu’il s’est procuré au fil des années, il fait ressurgir l’histoire de ce vaste territoire déserté, en suivant les traces de grands scientifiques et explorateurs du début du XXè siècle. L’exposition présente quelques-uns de ces documents et quelques images reproduites par d’anciens procédés d’impressions qui le fascinent techniquement.
Il est plus particulièrement intéressé par la perte de repère et le dépaysement et les rapports complexes que l’homme entretient avec la nature (les éléments) et qui s’exprime dans ses séries « Paysages contre nature », « Materia prima » ou « Les eaux composées ».
Souvent, dans ses images, émerge une perception indifférenciée du monde lui permettant de rendre visible un « banal » auquel on ne prête plus attention, des détails infimes du monde, des instants où se ressentent la présence ou du moins l’empreinte et les traces de notre passage. Hervé Jézéquel emprunte des chemins humides sablonneux, pierreux, entre ténèbres et lumière, son regard au bord d’un vide observe l’abîme, en spirale.
Il poursuit aussi, avec insistance, un travail sur le décryptage du paysage et du lieu, interrogeant son histoire et ses usages. Il s’intéresse à l’anthropisation, aux rapports et aux équilibres fluctuants entre nature et culture. A partir de lieux tels qu’îles, rivières et torrents, montagnes et forêts, il construit ses ensembles photographiques basés sur un vocabulaire topographique qui lui sert d’outil, celui d’un arpenteur : repérer, inventorier, classer, nommer, cadrer, ramasser, extraire.
Hervé Jézéquel travaille souvent lentement et produit ses séries de photographies sur plusieurs années. Il observe des paysages et ses images constituent pour lui des repères là où l’homme se sent bien souvent perdu. Proche d’un basculement ou au sortir des limbes de la mémoire du monde, il se situe dans une poétique de l’espace, de la géographie et du dépaysement où son expression se conjugue à présent avec d’autres medium : vidéo, dessin, écriture, installation in situ.
Son travail s’imprègne de son intérêt pour la photographie ancienne, la géologie, la cartographie qui l’on conduit à collectionner et accumuler traces, documents et pierres des lieux qu’il observe. Son approche se situant à la lisière de l’art et de la science, il a aussi participé à de nombreux projets ethnographiques ou accompagner galeries et musées, en tant que commissaire d’exposition.
Il aime la compagnie d’auteurs qui lui sont chers… Ses références littéraires vont, entre autres, à Italo Calvino, Jorge Luis Borges, Gaston Bachelard. Il aime les citations qui souvent viennent en contrepoint de ses images dont celle-ci :
« Je suis le point où je suis » … « je suis le lieu géométrique de toutes les contradictions. » Paul Valery.